samedi 20 août 2016

Un centre aéré dans un camp rom : les salésiens sont les seuls à oser



Article écrit  par Anne-Sophie Hourdeaux, La croix du  Nord, Lire l' Intégralité ICI

C’est la troisième année que l’association Espere et les salésiens organisent des animations estivales auprès des enfants roms. Ambiance.

On sort les ballons et les puzzles. On fait la ronde, des chorégraphies, on rit surtout. Ce pourrait être un centre de loisirs comme un autre. Mais les caravanes, les poubelles, la poussière nous rappellent à l’évidence : nous sommes dans un camp rom.
L’association Espere et les salésiens proposent durant 4 semaines, jusqu’au 20 août, cet ovni dans l’animation : un centre aéré au milieu des caravanes. Il s’agit de la seule initiative de ce genre vécue dans le Nord et le Pas-de-Calais durant la période estivale. « Cela fait le troisième été que nous vivons cette proposition », explique Danièle Sciacaluga, Salésienne Coopératrice, de l’association ESPERE.

Sourires et crasse

L’équipe visite ainsi deux camps de Roms chaque après-midi : un basé à Lezennes, un autre à Lille, plus petit, situé rue de Bavay.
L’enseignante de sciences et vie de la terre tout juste retraitée a le sourire aux lèvres. « Nous proposons des choses simples pour partager de bons moments avec les enfants ». Ils ne viendraient pas dans un centre de loisirs ordinaire, alors l’équipe d’Espere vient à eux !


Cette immersion totale est un peu décapante. Les enfants accueillent les bénévoles le sourire aux lèvres. Certains se jettent littéralement dans leurs bras, heureux de voir des visiteurs et des ballons. Les sourires sur les visages ne font pas oublier la crasse et l’odeur des lieux. Et pourtant, comme avec tous les enfants du monde, le bonheur est là, dans une simple ronde.
Les plus grands confectionnent colliers de perles et canevas. On montre fièrement un cadre fabriqué avec des pinces à linge, pour accrocher une photo de groupe dans la caravane.
« Cette édition 2016 a vu la participation de 5 scouts venant de Versailles, de 17-18 ans. Durant quinze jours, ils ont aidé à l’organisation de jeux. C’était un plus d’avoir des jeunes qui ont beaucoup d’idées d’animations ! » confie Danièle. Elle peut aussi compter depuis 3 ans sur Karina et Ania, jeunes polonaises, membres du Vides (le volontariat international salésien) qui, formées à l’animation, proposent des chants mimés en polonais ! Cela n’effraie pas les enfants roms, qui reprennent en chœur les refrains. Les petits vont et viennent.
En quoi le jeu est-il important dans un milieu aussi précaire qu’un camp rom ? « On s’est rendu compte que les enfants roms jouent très peu. Ce n’est pas naturel dans leur culture. Or, le jeu développe l’autonomie, et surtout permet la sociabilisation. Jouer avec d’autres, respecter des règles sans se battre, c’est important », souligne Danièle.
Pendant ce temps, les adultes se font discrets. Il faut dire que la confiance est là, l’équipe étant bien connue des familles qui, une fois avoir salué Danièle et ses collègues, retournent à leurs occupations.

Bénévoles espérés

L’équipe croise Florent, frère franciscain, qui vient régulièrement saluer les familles. Des mamans le saluent et lui tendent des courriers administratifs, venant la plupart de Pôle Emploi. Car les Roms roumains, avec une adresse de domiciliation à la Croix Rouge, ont droit à s’y inscrire pour trouver un emploi ou avoir des formations. Mais la barrière de la langue est importante. Le frère Florent décrypte, explique, propose d’accompagner à tel rendez-vous.
L’association Espere assure aussi des animations durant l’année, le mercredi après-midi, sur les mêmes camps. Elle espère de nouveaux bénévoles, « surtout des jeunes ! » insiste Danièle, à la rentrée. L’association ne s’arrête pas. Un nouveau projet débutera en septembre, avec les adultes roms cette fois : proposer des cours d’alphabétisation sur place. L’idée est que la force de l’amitié nouée avec les personnes facilitera l’apprentissage…

 Anne-Sophie Hourdeaux, 

La croix du  Nord

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