Article écrit par Anne-Sophie Hourdeaux, La croix du Nord, Lire
l' Intégralité ICI
C’est la troisième année que l’association Espere et les salésiens
organisent des animations estivales auprès des enfants roms. Ambiance.
On sort les ballons et les puzzles. On fait la ronde, des chorégraphies, on
rit surtout. Ce pourrait être un centre de loisirs comme un autre. Mais les
caravanes, les poubelles, la poussière nous rappellent à l’évidence : nous
sommes dans un camp rom.
L’association Espere et les salésiens proposent durant 4 semaines,
jusqu’au 20 août, cet ovni dans l’animation : un centre aéré au milieu des
caravanes. Il s’agit de la seule initiative de ce genre vécue dans le Nord et
le Pas-de-Calais durant la période estivale. « Cela fait le troisième
été que nous vivons cette proposition », explique Danièle Sciacaluga,
Salésienne Coopératrice, de l’association ESPERE.
Sourires et crasse
L’équipe visite ainsi deux camps de Roms chaque après-midi : un basé à
Lezennes, un autre à Lille, plus petit, situé rue de Bavay.
L’enseignante de sciences et vie de la terre tout juste retraitée a le sourire
aux lèvres. « Nous proposons des choses simples pour partager de bons
moments avec les enfants ». Ils ne viendraient pas dans un centre de
loisirs ordinaire, alors l’équipe d’Espere vient à eux !

Cette immersion totale est un peu décapante. Les enfants accueillent les
bénévoles le sourire aux lèvres. Certains se jettent littéralement dans leurs
bras, heureux de voir des visiteurs et des ballons. Les sourires sur les
visages ne font pas oublier la crasse et l’odeur des lieux. Et pourtant, comme
avec tous les enfants du monde, le bonheur est là, dans une simple ronde.
Les plus grands confectionnent colliers de perles et canevas. On montre
fièrement un cadre fabriqué avec des pinces à linge, pour accrocher une photo
de groupe dans la caravane.
« Cette édition 2016 a vu la participation de 5 scouts venant de
Versailles, de 17-18 ans. Durant quinze jours, ils ont aidé à l’organisation de
jeux. C’était un plus d’avoir des jeunes qui ont beaucoup d’idées d’animations
! » confie Danièle. Elle peut aussi compter depuis 3 ans sur Karina et
Ania, jeunes polonaises, membres du Vides (le volontariat international
salésien) qui, formées à l’animation, proposent des chants mimés en
polonais ! Cela n’effraie pas les enfants roms, qui reprennent en chœur
les refrains. Les petits vont et viennent.
En quoi le jeu est-il important dans un milieu aussi précaire qu’un camp
rom ? « On s’est rendu compte que les enfants roms jouent très
peu. Ce n’est pas naturel dans leur culture. Or, le jeu développe l’autonomie,
et surtout permet la sociabilisation. Jouer avec d’autres, respecter des règles
sans se battre, c’est important », souligne Danièle.
Pendant ce temps, les adultes se font discrets. Il faut dire que la confiance
est là, l’équipe étant bien connue des familles qui, une fois avoir salué
Danièle et ses collègues, retournent à leurs occupations.
L’équipe croise Florent, frère franciscain, qui vient régulièrement saluer
les familles. Des mamans le saluent et lui tendent des courriers
administratifs, venant la plupart de Pôle Emploi. Car les Roms roumains, avec
une adresse de domiciliation à la Croix Rouge, ont droit à s’y inscrire pour
trouver un emploi ou avoir des formations. Mais la barrière de la langue est
importante. Le frère Florent décrypte, explique, propose d’accompagner à tel
rendez-vous.
L’association Espere assure aussi des animations durant l’année, le mercredi
après-midi, sur les mêmes camps. Elle espère de nouveaux bénévoles, « surtout
des jeunes ! » insiste Danièle, à la rentrée. L’association ne
s’arrête pas. Un nouveau projet débutera en septembre, avec les adultes roms
cette fois : proposer des cours d’alphabétisation sur place. L’idée est
que la force de l’amitié nouée avec les personnes facilitera l’apprentissage…
Anne-Sophie Hourdeaux,
La croix du Nord